Le concierge, cet ange gardien
Avec la diminution du nombre de concierges vivant directement dans l’immeuble ou à proximité, on pourrait craindre une diminution du sentiment de sécurité chez certains locataires. Petit tour de la question entre perceptions subjectives et évolution du métier.
Comme c’est le cas dans de nombreux secteurs, l’évolution de la société amène avec elle des changements parfois importants dans la façon d’exercer divers métiers. Celui de concierge n’échappe pas à la règle. Aujourd’hui, il est souvent difficile de trouver des personnes qualifiées pour effectuer les nombreuses tâches qui incombent au concierge. Ce n’est donc pas uniquement dans un souci d’économie et de rentabilité que de nombreux propriétaires choisissent de faire appel à des services de conciergerie professionnels, qui passent nettoyer les locaux sans pour autant vivre sur place. Il est aisé de comprendre que ces personnes ne peuvent pas assurer les autres services liés au métier, comme maintenir un lien social ou assurer une surveillance douce des parties communes. Cela s’explique d’une part à cause de leur emploi du temps extrêmement serré lié au nombre d’objets dont elles s’occupent et d’autre part parce qu’elles n’habitent tout simplement pas dans le quartier.
Incivilités en augmentation
Face à l’augmentation des incivilités, certains propriétaires sont tentés de faire appel à des sociétés de surveillance, ce qui engendrerait des frais supplémentaires. En France, certains concierges sont même assermentés et peuvent donc délivrer directement des amendes pour des actes de déprédation, pour des déchets sauvages ou pour le non-respect des limites d’une propriété privée, par-exemple. Ce qui n’est pas le cas chez nous. « En Suisse, il n’existe pas d’assermentation pour les concierges, nous confirme-t-on à la police lausannoise. Ceux-ci peuvent dénoncer uniquement des stationnements illicites sur le domaine privé, délimité par le plan cadastral. »
Alors, le métier de concierge a-t-il changé en même temps que la société ? La surveillance a-t-elle pris le dessus sur le social ? Benoit Lempereur, directeur des opérations à la Régie Rosset à Genève, nous livre son point de vue sur la question. « Pour la régie Rosset et nos propriétaires, le rôle d’un concierge est essentiel et ses missions vont bien au-delà des prestations d’entretien. Nous le considérons comme « les yeux de l’immeuble », comme un partenaire de la gérance, un représentant, un surveillant, un pourvoyeur de solutions. »
Avec quel type de concierge la régie Rosset a-t-elle l'habitude de travailler?
« Nos conciergeries sont gérées par des concierges professionnels, qui peuvent aussi bien être indépendants et vivre dans l’immeuble (85%) ou alors être employés par une entreprise de conciergerie (15%). Ces deux modèles sont complémentaires et nécessaires au quotidien. »
Un concierge, c'est en réalité l'âme d'un immeuble, non?
« Oui absolument. Les concierges font vivre le bâtiment, ils connaissent les habitants et leurs habitudes et maintiennent un climat de confiance qui facilite la communication et les échanges. Ils travaillent à nos côtés pour la satisfaction des locataires et propriétaires. Un concierge contribue à l’instauration d’une vie d’immeuble harmonieuse en se plaçant à l’écoute des locataires et en devient en effet le cœur et l’âme de l’immeuble. »
La présence du concierge sur site a un impact direct sur la sécurité
Selon vous, quel rôle joue-t-il en matière de sécurité?
« La présence du concierge sur site a un impact direct sur la sécurité. Le concierge nous signale les éventuelles incivilités, détecte les mouvements anormaux dans le bâtiment et, avec le soutien de la régie, apporte des solutions rapides et adaptées aux différentes circonstances. Si le problème est plus important, nous faisons toujours appel à un service de sécurité professionnel. »
Le concierge est donc pour vous un maillon essentiel de la chaîne qui relie la régie au locataire?
« Oui. Au sein de la régie Rosset, nous avons une personne qui assure le lien opérationnel avec nos concierges. Elle visite ces derniers à intervalles réguliers avec notamment pour objectifs de maintenir une relation étroite et de confiance entre la régie, le concierge et les locataires, de prodiguer des conseils, s’assurer du respect des cahiers des charges, définir des mesures d’améliorations, s’assurer de la bonne utilisation des produits d’entretien et de la sécurité du concierge lors de l’utilisation desdits produits. »
En un mot comme en mille, malgré l’évolution de la société avec la diminution des contacts directs avec autrui et l’augmentation des tensions sociales, le concierge a toujours été et restera l’ange gardien de l’immeuble [article rédigé par Thérèse Courvoisier]